Danses de chambres | COLLECTE DE RÉCITS DE DANSES
Depuis septembre 2022, Vertige et Horizon à lancer un appel à récits d’histoires de danses en Bretagne par le biais d’ateliers tous publics et de cartes de visites posées dans divers lieux de passages.
Ces histoires racontent ces moments rares où le corps sort de ses habitudes et entre dans une danse toute personnelle, à la lisière du beau, du sublime, du très approximatif, du n’importe quoi, et où la peur de mal faire se prend enfin une bonne raclée. Elles racontent nos relations à la danse positives et négatives.
Si vous souhaitez nous raconter un souvenir d’une danse qui vous a marqué, d’une danse que vous avez vu ou d’une danse que vous avez fait seul·e chez vous, vous pouvez nous le raconter par écrit à l’adresse suivante:
vertigeethorizon@gmail.com
Voici les textes collectés:
Ces histoires racontent ces moments rares où le corps sort de ses habitudes et entre dans une danse toute personnelle, à la lisière du beau, du sublime, du très approximatif, du n’importe quoi, et où la peur de mal faire se prend enfin une bonne raclée. Elles racontent nos relations à la danse positives et négatives.
Si vous souhaitez nous raconter un souvenir d’une danse qui vous a marqué, d’une danse que vous avez vu ou d’une danse que vous avez fait seul·e chez vous, vous pouvez nous le raconter par écrit à l’adresse suivante:
vertigeethorizon@gmail.com
Voici les textes collectés:
#1
Il y a 1 an, le 28 avril j'ai dansé car j'ai gagné a un jeu
Il y a 5 min, j'ai dansé en levant la main de manière artistique
Il y a 5 min j'ai appris qu’il existait un nouveau style de danse, les danses de chambres
Il y a 5 min, j'ai dansé en levant la main de manière artistique
Il y a 5 min j'ai appris qu’il existait un nouveau style de danse, les danses de chambres
#2
La première fois qu’on m’a invitée à une boom, ben je n’y suis
pas allée. J’ai ouvert mon armoire et n’ai rien trouvé de
« stylé » et n’avait jamais dansé sur des trucs
modernes à part à quelques bals de noces dans la famille. Peur d’être trop
plouc !
J’ai 14 ans, une copine m’entraine à un fest noz sur les dunes lors d’un tantad. Nous nous sommes faits jetées car on ne connaissait pas les pas, et que danser la dans-round c’était sérieux et qu’il ne fallait pas faire n’importe quoi.
Je suis déçue, tellement triste du comportement de ces babos finalement pas si cools
Une voisine me dit : c’est pourtant facile 1 2 3- 1 2 3
Pour moi faire des maths pour danser : impossible ; et puis mes pieds n’ont font qu’à leur tête, mes bras n’en parlons pas ; Je dois être Dis-quelque chose et ne connaîtrai pas cet état de transe que plusieurs danseurs m’ont décrit.
A mes années lycée, je sors beaucoup dans toutes les boites de nuit de la région, le Mélo reste notre lieu mythique. Après quelques ginz-fizz tout est plus léger !
Mais il y a une danse que je déteste : les slows. Quand ça commence toutes les filles partent s’assoir… et là ça commence, les mecs tournent , matent , rematent et si tu as la chance viennent t’inviter . Waouh . Mais pour moi c’est l’enfer. Je suis petite et mon nez se trouve souvent à hauteur des aisselles de ces beaux mâles alpha. Beurk beurk
Il n’y a pas très longtemps, je suis retournée à un fest noz. Je dansais en trio avec 2 autres copines dont une, enceinte de 6 mois. Nous étions joyeuses, heureuses de danser ensemble comme si on avait 5 ans. Et là de nouveau on se fait jeter car on gênait les « vrais danseurs » . On se décale et là le futur père se ruent sur nous : « mais vous êtes complètement inconscientes, vous vous voulez qu’elle accouche ici » Une femme enceinte ne peut -elle pas danser ?
Maintenant j’ai la cinquantaine et je danse sur tout(rock punk techno disco), seule, en duo, à plusieurs . Je n’ai plus plus peur d’être ridicule et assume d’être Plouc (et plus besoin d’être pompette pour m’éclater).
Après la tempête Ciaran, plus d’électricité pendant plusieurs jours, quand ça a été rétabli : quel bonheur que de mettre la musique à fond dans le salon et de danser jusqu’au tournis.
J’ai sans doute fait une croix de danser en fest noz, mais pas dans les les bals, clin d’oeil au bal Floch que j’adore et merci à Ronan Le fur pour ses propositions dansantes dans les rues d’ici (notamment pour les lachers de veaux)
et je finirai avec Dalida : « Laissez moi danser »
J’ai 14 ans, une copine m’entraine à un fest noz sur les dunes lors d’un tantad. Nous nous sommes faits jetées car on ne connaissait pas les pas, et que danser la dans-round c’était sérieux et qu’il ne fallait pas faire n’importe quoi.
Je suis déçue, tellement triste du comportement de ces babos finalement pas si cools
Une voisine me dit : c’est pourtant facile 1 2 3- 1 2 3
Pour moi faire des maths pour danser : impossible ; et puis mes pieds n’ont font qu’à leur tête, mes bras n’en parlons pas ; Je dois être Dis-quelque chose et ne connaîtrai pas cet état de transe que plusieurs danseurs m’ont décrit.
A mes années lycée, je sors beaucoup dans toutes les boites de nuit de la région, le Mélo reste notre lieu mythique. Après quelques ginz-fizz tout est plus léger !
Mais il y a une danse que je déteste : les slows. Quand ça commence toutes les filles partent s’assoir… et là ça commence, les mecs tournent , matent , rematent et si tu as la chance viennent t’inviter . Waouh . Mais pour moi c’est l’enfer. Je suis petite et mon nez se trouve souvent à hauteur des aisselles de ces beaux mâles alpha. Beurk beurk
Il n’y a pas très longtemps, je suis retournée à un fest noz. Je dansais en trio avec 2 autres copines dont une, enceinte de 6 mois. Nous étions joyeuses, heureuses de danser ensemble comme si on avait 5 ans. Et là de nouveau on se fait jeter car on gênait les « vrais danseurs » . On se décale et là le futur père se ruent sur nous : « mais vous êtes complètement inconscientes, vous vous voulez qu’elle accouche ici » Une femme enceinte ne peut -elle pas danser ?
Maintenant j’ai la cinquantaine et je danse sur tout(rock punk techno disco), seule, en duo, à plusieurs . Je n’ai plus plus peur d’être ridicule et assume d’être Plouc (et plus besoin d’être pompette pour m’éclater).
Après la tempête Ciaran, plus d’électricité pendant plusieurs jours, quand ça a été rétabli : quel bonheur que de mettre la musique à fond dans le salon et de danser jusqu’au tournis.
J’ai sans doute fait une croix de danser en fest noz, mais pas dans les les bals, clin d’oeil au bal Floch que j’adore et merci à Ronan Le fur pour ses propositions dansantes dans les rues d’ici (notamment pour les lachers de veaux)
et je finirai avec Dalida : « Laissez moi danser »
#3
Il y a 8 ans que je ne danse plus
Il y a 3 mois que j'ai essayé de danser pour trouver le rythme
Il y a 5 ans que je me suis rendu compte que mon corps avait perdu l'habitude de bouger
Il y a 3 mois que j'ai essayé de danser pour trouver le rythme
Il y a 5 ans que je me suis rendu compte que mon corps avait perdu l'habitude de bouger
#4
Mes souvenirs de danses de chambre datent de l’adolescence, vers 12-13 ans., les années 1995. J’écoutais des cd, de TLC, Janet Jackson, Maria Carey. Elles chantaient de la US Pop, elles évoquaient pour moi une féminité, qui joue de la féminité et assume un endroit de liberté par le chant, les déhanchées et les tenues sexy, du rouge a lèvres brillant ! Tout ce que je ne m’autorisait pas.Moi aussi, j’avais des rollers , même si je n’avais pas de boumboum short comme Marya Carey ! J’étais plutot du genre de fille avec des croutes aux genoux, arpenteuse de vitesse sur roues !
Sur mon poste de radio, je m’étais le cd, le disque se lançait et je choisissais ma musique. ça paraît déjà old school comme geste !
Je montais le son, et là dans ma petite chambre, soudain, s’ouvrait un espace de liberté, qui était le seul endroit à moi : mon espace, libre où personne n’allait me juger, où personne n’allait se moquer de moi.
Moi aussi, j’aimais jouer et m’amuser, et encore aujourd hui d’ailleurs, c’est tout ce qui fait sens, le reste c’est chiant ! Je dis cela , par rapport au choix d’aller vers les arts performatifs, en étant persuaduée que j’allais continuer à jouer et m’amuser.
Je repense aux paroles de ces chansons : « No I dont want no scrub.. a scrub is a guy like you.. » non je veux pas de boulet, ou bien, « it’s just a fantasy baby .. » ça parlait des garçons, du rêve d’amour, de premières relations, c’est pas avec ma mère que je parlais de ça, mais plutot avec Marya Carey qui me laissait rever au flirte !
Les clip des années 90, les filles en baggy, qui déhanchent sur place, regard caméra, déjà pour moi, ca suffisait à être audacieux ! Elles bougeaient cette zone si interdite en bzh, si verouillée, et c’etait dans les clip.. Ca ouvrait la possibilité de pouvoir le faire ! Je dansais sans me dire, je danse, , je m’imaginais avoir un cerceau et faire du houlahop , les bras en l’air, ouverts, la tête qui penchent d’un coté, puis de l’autre et finir en sautant et m’ecrabouillant le visage dans le lit !
Mes danses devaient ressembler à des bonds, rebonds, des tentatives de rouler des hanches , dans quel sens ? Sans coordination, sans sexappeal, , sans me regarder, c’était la joie de ne plus rien interroger. Chanter en yaourt, regarder dans le dico papier d’anglais, « scrub », et là ces chanteuses nommaient mon sentiment , c’etait la fin de la solitude ! Tout cela ressemble à des moments de joie pure, de présent intensifié où gesticuler c’est ok, où épater, impressionner n’existe pas où il n’y a rien à prouver, mais pour que cela existe il fallait cet espace où l’aigreur de l’autre qui casse votre joie soit écartée car la vraie joie c’est pur ! Car quand on est libre, cela énerve les gens !
Ces danses, n’étaient pas nommées, l’ensemble était un rituel avec le cd, choisir la piste, mettre au max le son, oublier le reste, listening to Marya , so self confident, so DIVA, moi qui me suis toujours vue comme l’anti-princesse : être diva, c’etait pour les autres. Mais là je pouvais peut-être, le temps de la chanson, devenir diva, pour moi même, pour construire la self confidence, de ce corps qui commençait à avoir 3 poils pubiens et des bouts de nénés, de ce corps qui cherchait des repères, qu’est ce que je peux montrer, qu’est ce que je dois cacher ?
Sur mon poste de radio, je m’étais le cd, le disque se lançait et je choisissais ma musique. ça paraît déjà old school comme geste !
Je montais le son, et là dans ma petite chambre, soudain, s’ouvrait un espace de liberté, qui était le seul endroit à moi : mon espace, libre où personne n’allait me juger, où personne n’allait se moquer de moi.
Moi aussi, j’aimais jouer et m’amuser, et encore aujourd hui d’ailleurs, c’est tout ce qui fait sens, le reste c’est chiant ! Je dis cela , par rapport au choix d’aller vers les arts performatifs, en étant persuaduée que j’allais continuer à jouer et m’amuser.
Je repense aux paroles de ces chansons : « No I dont want no scrub.. a scrub is a guy like you.. » non je veux pas de boulet, ou bien, « it’s just a fantasy baby .. » ça parlait des garçons, du rêve d’amour, de premières relations, c’est pas avec ma mère que je parlais de ça, mais plutot avec Marya Carey qui me laissait rever au flirte !
Les clip des années 90, les filles en baggy, qui déhanchent sur place, regard caméra, déjà pour moi, ca suffisait à être audacieux ! Elles bougeaient cette zone si interdite en bzh, si verouillée, et c’etait dans les clip.. Ca ouvrait la possibilité de pouvoir le faire ! Je dansais sans me dire, je danse, , je m’imaginais avoir un cerceau et faire du houlahop , les bras en l’air, ouverts, la tête qui penchent d’un coté, puis de l’autre et finir en sautant et m’ecrabouillant le visage dans le lit !
Mes danses devaient ressembler à des bonds, rebonds, des tentatives de rouler des hanches , dans quel sens ? Sans coordination, sans sexappeal, , sans me regarder, c’était la joie de ne plus rien interroger. Chanter en yaourt, regarder dans le dico papier d’anglais, « scrub », et là ces chanteuses nommaient mon sentiment , c’etait la fin de la solitude ! Tout cela ressemble à des moments de joie pure, de présent intensifié où gesticuler c’est ok, où épater, impressionner n’existe pas où il n’y a rien à prouver, mais pour que cela existe il fallait cet espace où l’aigreur de l’autre qui casse votre joie soit écartée car la vraie joie c’est pur ! Car quand on est libre, cela énerve les gens !
Ces danses, n’étaient pas nommées, l’ensemble était un rituel avec le cd, choisir la piste, mettre au max le son, oublier le reste, listening to Marya , so self confident, so DIVA, moi qui me suis toujours vue comme l’anti-princesse : être diva, c’etait pour les autres. Mais là je pouvais peut-être, le temps de la chanson, devenir diva, pour moi même, pour construire la self confidence, de ce corps qui commençait à avoir 3 poils pubiens et des bouts de nénés, de ce corps qui cherchait des repères, qu’est ce que je peux montrer, qu’est ce que je dois cacher ?
#5
Je danse pour me sentir vivante
Je danse dans ma bulle pour me vider la tête
Je danse pour entretenir mon corps
Je danse pour remercier mes jambes et mon corps d'être actif
Je danse pour nourrir mon imaginaire
je dans pour partager des émotions
Je danse seule, en couple et à plusieurs pour m'évader
Je danse dans ma bulle pour me vider la tête
Je danse pour entretenir mon corps
Je danse pour remercier mes jambes et mon corps d'être actif
Je danse pour nourrir mon imaginaire
je dans pour partager des émotions
Je danse seule, en couple et à plusieurs pour m'évader
#6
Avant d’avoir ma chambre à moi, je dansais dans le salon, au
risque d’être observée, aperçue, interpellée par mes parents ou
mon frère qui m’y verraient.
Quand j’ai eu ma chambre à moi, à 10 ans, j’y ai dansé énormément et librement. C’était la période où je rentrais au collège et ce n’était pas si facile. Cette année-là, j’avais arrêté l’apprentissage du piano car je commençais à développer des TOCS. J’étais en quête de la partition parfaitement jouée. Ma mère, à l’heure où je m’y essayais, se trouvait souvent dans la cuisine juxtaposée au salon où se trouvait le piano familial. Elle était saoulée par « La Lettre à Élise » que je recommençais à la moindre fausse note, en boucle, toujours insatisfaite.
J’ai arrêté la musique mais pas la danse. Tous les samedis après-midi depuis mes 7 ans étaient consacrés à apprendre le modern jazz dans la commune voisine. Et c’est quand je dansais que les TOCS disparaissaient. Leur voix n’avait pas le droit de pénétrer dans ce moment spécial que je m’accordais. De toute façon, je la faisais taire par mes mouvements.
Chaque soir après les cours, c’était le moment de la danse dans ma chambre. La séance commençait par un moment pas très agréable : des étirements et des abdos, toujours les mêmes, exécutés dans le même ordre et à la minute près pour chaque position à tenir. Si je n’exécutais pas tel mouvement pour favoriser l’assouplissement, je doublerais l’exercice le lendemain pour me rattraper, évitant ainsi qu’un malheureux événement survienne… La séance débutait donc par ces rituels superstitieux.
Après, seulement, je pouvais danser. C’est là que je me lâchais. Je rentrais en transe. L’étroit miroir accroché au mur devenait mon allié. Je m’y trouvais belle alors que les miroirs de l’école de danse chaque samedi, me renvoyaient une terrible image. J’avais aussi un public bienveillant et applaudissant. Je le fantasmais. Dans ce public imaginaire se trouvait le garçon que j’aimais en secret, mes meilleures amies et mes meilleures ennemies. J’extériorisais. Je disais par le mouvement ce que je n’avais pas réussi à dire par les mots dans la journée. Cela me rendait si heureuse ! C’était un moment de respiration intense et si important ! Je finissais en sueur, rouge écarlate, étourdie et fière, avant de prendre une douche et rejoindre la famille pour le dîner. Et le lendemain après le goûter et quelques devoirs, je recommençais.
Aujourd’hui, j’ai 29 ans. Les TOCS ont disparu depuis longtemps. Et je continue de danser comme la collégienne que j’étais, de façon moins régulière. Cela survient à n’importe quelle heure de la journée, le plus souvent le soir. Il m’arrive de démarrer à minuit, après avoir longuement travaillé, ou en rentrant d’une mauvaise soirée. Parfois, je danse avant de partir en soirée, tellement je suis excitée par la perspective de faire la fête et voir des gens.
Juste avant le départ pour le voyage scolaire au ski, lorsque j’étais en 4e, je me souviens que j’avais dansé de joie, intensément, dans ma chambre. Ma mère craignait que je me blesse et manque l’occasion de découvrir la montagne. Je m’étais donc résigné à faire les 100 pas dans le salon, mes bagages à mes pieds, prêts depuis la veille, en formulant verbalement mon euphorie.
Lorsque je danse aujourd’hui dans mon cocon, il m’arrive de changer mes vêtements spécialement plusieurs fois, de me déguiser, de me maquiller ou de me prendre pour la jeune femme de Flashdance. La transe s’instaure. C’est l’endroit où personne ne me jugera, ni même moi avec ma caméra interne. J’ai l’impression de perdre le contrôle de mes mouvements, le contrôle tout court. Et cela me fait un bien fou !
En ce moment, c’est la musique de La Grande Folie de San Salvador qui m’aide à convoquer cela.
Quand j’ai eu ma chambre à moi, à 10 ans, j’y ai dansé énormément et librement. C’était la période où je rentrais au collège et ce n’était pas si facile. Cette année-là, j’avais arrêté l’apprentissage du piano car je commençais à développer des TOCS. J’étais en quête de la partition parfaitement jouée. Ma mère, à l’heure où je m’y essayais, se trouvait souvent dans la cuisine juxtaposée au salon où se trouvait le piano familial. Elle était saoulée par « La Lettre à Élise » que je recommençais à la moindre fausse note, en boucle, toujours insatisfaite.
J’ai arrêté la musique mais pas la danse. Tous les samedis après-midi depuis mes 7 ans étaient consacrés à apprendre le modern jazz dans la commune voisine. Et c’est quand je dansais que les TOCS disparaissaient. Leur voix n’avait pas le droit de pénétrer dans ce moment spécial que je m’accordais. De toute façon, je la faisais taire par mes mouvements.
Chaque soir après les cours, c’était le moment de la danse dans ma chambre. La séance commençait par un moment pas très agréable : des étirements et des abdos, toujours les mêmes, exécutés dans le même ordre et à la minute près pour chaque position à tenir. Si je n’exécutais pas tel mouvement pour favoriser l’assouplissement, je doublerais l’exercice le lendemain pour me rattraper, évitant ainsi qu’un malheureux événement survienne… La séance débutait donc par ces rituels superstitieux.
Après, seulement, je pouvais danser. C’est là que je me lâchais. Je rentrais en transe. L’étroit miroir accroché au mur devenait mon allié. Je m’y trouvais belle alors que les miroirs de l’école de danse chaque samedi, me renvoyaient une terrible image. J’avais aussi un public bienveillant et applaudissant. Je le fantasmais. Dans ce public imaginaire se trouvait le garçon que j’aimais en secret, mes meilleures amies et mes meilleures ennemies. J’extériorisais. Je disais par le mouvement ce que je n’avais pas réussi à dire par les mots dans la journée. Cela me rendait si heureuse ! C’était un moment de respiration intense et si important ! Je finissais en sueur, rouge écarlate, étourdie et fière, avant de prendre une douche et rejoindre la famille pour le dîner. Et le lendemain après le goûter et quelques devoirs, je recommençais.
Aujourd’hui, j’ai 29 ans. Les TOCS ont disparu depuis longtemps. Et je continue de danser comme la collégienne que j’étais, de façon moins régulière. Cela survient à n’importe quelle heure de la journée, le plus souvent le soir. Il m’arrive de démarrer à minuit, après avoir longuement travaillé, ou en rentrant d’une mauvaise soirée. Parfois, je danse avant de partir en soirée, tellement je suis excitée par la perspective de faire la fête et voir des gens.
Juste avant le départ pour le voyage scolaire au ski, lorsque j’étais en 4e, je me souviens que j’avais dansé de joie, intensément, dans ma chambre. Ma mère craignait que je me blesse et manque l’occasion de découvrir la montagne. Je m’étais donc résigné à faire les 100 pas dans le salon, mes bagages à mes pieds, prêts depuis la veille, en formulant verbalement mon euphorie.
Lorsque je danse aujourd’hui dans mon cocon, il m’arrive de changer mes vêtements spécialement plusieurs fois, de me déguiser, de me maquiller ou de me prendre pour la jeune femme de Flashdance. La transe s’instaure. C’est l’endroit où personne ne me jugera, ni même moi avec ma caméra interne. J’ai l’impression de perdre le contrôle de mes mouvements, le contrôle tout court. Et cela me fait un bien fou !
En ce moment, c’est la musique de La Grande Folie de San Salvador qui m’aide à convoquer cela.
#7
Il y a 50000000 ans j'ai reçu une petite envie de danser
Je préfère faire autre chose, je trouve ça super gênant et moche, surtout quand tu ne sait pas en faire de la danse.
Je préfère faire autre chose, je trouve ça super gênant et moche, surtout quand tu ne sait pas en faire de la danse.
#8
Il y a 1 an je n'ai pas osé dansé au mariage de ma tante à cause
de toutes les caméras
Il y a 2 jours j'ai dansé avec ma sœur car on était heureuses
Il y a 1 semaine j'ai refuser de danser une salsa avec mon frère car j'étais fatiguée
Il y a 8 ans j'ai dansé avec ma mère devant ma cousine
Il y a 7 ans j'ai failli danser devant toute mon école mais le spectacle a été annulé
Il y a 2 jours j'ai dansé avec ma sœur car on était heureuses
Il y a 1 semaine j'ai refuser de danser une salsa avec mon frère car j'étais fatiguée
Il y a 8 ans j'ai dansé avec ma mère devant ma cousine
Il y a 7 ans j'ai failli danser devant toute mon école mais le spectacle a été annulé
#9
Il y a 3 jours j'ai zouké avec un balai sur une table de permanence
#10
Il y a 8 mois, j'étais au mariage de ma cousine et j'avais honte de
danser
Il y a 10 min j'ai compris que la danse était vraiment faites pour moi
Il y a 2 jours j'ai dansé dans ma chambre
Il y a 1 mois j'ai dansé avec mes copines dans les vestiaires
Il y a 10 min j'ai compris que la danse était vraiment faites pour moi
Il y a 2 jours j'ai dansé dans ma chambre
Il y a 1 mois j'ai dansé avec mes copines dans les vestiaires